UN MONDE INFECT

UN MONDE INFECT

16 avril 2018 Non Par Me Gaston Vogel

ZDF Info a diffusé le 12 avril 2018 une émission ayant pour titre : « CHEMIEWAFFEN – EUROPAS GESCHÄFT MIT DEM TOD ».

J’invite tout lecteur du présent texte à revoir en détail cette émission dramatique qui documente l’apport de certains pays occidentaux à la sale guerre que les Assad livraient contre leur propre peuple.

Ce qui se passe en Syrie depuis des années est abominable.

Abominable, inouïe, crapuleuse cette attaque à l’arme chimique le 7 avril 2018 dans la ville de Douma, ultime refuge de rebelles qui, au moment où l’attaque se faisait, n’avaient déjà plus les moyens de résister.

D’où la question lancinante de savoir où pouvait bien être l’intérêt d’Assad, de recourir à une telle horreur contre un ennemi pratiquement hors combat.

D’où cette autre question tout aussi lancinante – qui était à l’origine de ce crime ? Faut-il en exclure les rebelles ?

Impossible d’opter pour l’une ou l’autre hypothèse, faute de preuves solides et tangibles.

D’aucuns « mal intentionnés » prêtent aux rebelles cette terrible initiative dans le but d’ameuter l’opinion publique internationale et de gagner ainsi du temps, alors que la situation dans laquelle ils se trouvaient était désespérée.

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Au début des années 2000, j’ai à maintes reprises visité ce pays magique, le creuset des civilisations anciennes du Proche-Orient.

J’en suis à chaque fois revenu un peu plus cultivé.

C’est là où l’alphabet fut inventé.

C’est le pays où chaque strate de terre raconte une histoire plus que millénaire.

Une terre de civilisation qui connaît les affres d’une guerre sans merci.

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Ce beau pays si riche en histoire et en culture a le sort malheureux d’être un point stratégique de première importance sur l’échiquier si compliqué du Proche-Orient.

C’est ce qui explique que la Syrie est la proie des grands prédateurs de ce monde qui s’y disputent les places les plus propices à la réalisation de leurs sinistres desseins de politicaille.

Appréhender ce pays est le diviser en zones d’influence où les salauds se guettent en chiens de faïence.

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Les Français et les Anglais assument de lourdes responsabilités dans la genèse de la chienlit que connaît cette région.

Les deux pays occidentaux se sont partagés le Croissant fertile en signant le 16 mai 1916 les fameux et arrogants accords de Sykes-Picot.

Voilà constituées les sphères d’influence, réduisant la Syrie à un territoire colonial.

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Cela n’a guère changé.

Désormais, ce sont les Russes et les Américains qui se « partagent » la Syrie, mais sans accord, du moins par écrit.

Les uns appuient le pouvoir de Damas, les autres suscitent des rebellions pour tôt ou tard pouvoir dominer la situation.

C’est Washington qui entretient la « rébellion » en armes, munitions et finances.

Le berceau de cette insurrection est en Amérique et nulle part ailleurs.

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Le 13 avril, vers 4 heures du matin, Américains, Anglais et Français ont lancé une attaque contre certains objectifs syriens soigneusement choisis pour éviter des heurts avec les Russes.

Mission punitive contre le « Machthaber – le régime de Damas » qu’on se plaît à désigner comme le seul et vrai responsable.

Cette attaque laisse d’être justifiée, alors qu’elle s’est faite en violation des règles les plus élémentaires du droit international et sans que des preuves solides et tangibles n’aient pu au préalable être recueillies pour désigner le criminel qui a pris une si cruelle décision.

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On a vu apparaître sur les petites lucarnes le fou de Washington qui sur un ton solennel informait son peuple et le monde de la décision de frapper la Syrie dirigée par un chien (pour rester dans son langage) afin de préserver les valeurs de l’Occident, « des valeurs « de grande humanité », ces valeurs qui sont celles des pays civilisés », disait-il.

« Rien », devait-il ajouter, « n’est aussi répréhensible qu’une attaque à l’arme chimique, attaque lâche, dégoûtante et qui fait fi de tout ce qui distingue le civilisé du barbare ».

Voilà en résumé le speech du dingue.

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Ce qui m’interpelle avant tout dans cette affaire est l’énorme hypocrisie des pays prédateurs qui ont l’écœurant cynisme de prodiguer des leçons de haute moralité dans un domaine où ils ont commis des crimes abominables sur une échelle souvent planétaire.

Il est su mais souvent dissimulé que les pays occidentaux ont livré aux tyrans de Damas des produits chimiques facilement transformables en Sarin.

Plusieurs centaines de tonnes ont été livrées en Syrie entre 2002 et 2006.

Souvenons-nous !

Commençons par l’Amérique.

Ce grand pays si « hautement civilisé », à la pointe de la moralité tout court, était responsable dans les années 60 de la plus grande guerre chimique de l’Histoire.

Ce fut un véritable écocide.

77 millions de litres des défoliants – 400 kg de Dioxine – lors de l’accident de Seveso moins de 2 kg se sont répandus sur 18000 ha.

Je vise le Vietnam, le Laos et le Cambodge.

La population a subi de graves blessures à l’épiderme.

Le but visé était d’affamer les Vietnamiens, de les repousser, comme disait ce crétin de Westmoreland, dans le paléolithique.

L’épandage du défoliant chimique par l’agent orange s’est étendu sur les terres du Laos et du Cambodge.

Les enfants qui allaient naître étaient atteints d’anomalies terribles.

Ce pays est toujours le théâtre d’une des plus grandes catastrophes écologiques commises in nomine domini par un prétendu pays se disant civilisé.

Le Vietnam mettra des siècles pour se rétablir.

A cette arme criminelle entre toutes, il faut ajouter les bombes à billes et à fragmentation.

Le principe de ces armes monstrueuses repose sur la dissémination à l’impact au sol, une fois la bombe ou le missile tiré, de plusieurs centaines de sous-munitions dont 10% restent non explosées actives au sol.

Et puis ces gentilles bombes à billes sous forme d’orange qui infestaient les rizières et qui déchiraient l’enfant non averti qui les touchait, croyant qu’il s’agissait d’un fruit.

Ce n’est qu’une toute petite énumération des crimes abominables dont les Yankees se sont rendus coupables en Extrême-Orient.

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Les Anglais ont eu recours à l’épandage de l’agent orange (herbicide contaminé à la Dioxine dosé à 40 fois son emploi en usage civil pour détruire les cultures vivrières) dès 1952 pour mater l’insurrection communiste en Malaisie.

En septembre 2013, l’Angleterre a inondé le « marché » syrien de produits chimiques hautement dangereux.

Les deux pays d’une moralité incontestable ont déclenché une guerre meurtrière contre l’Irak sur base de grossiers mensonges causant la mort de centaines de milliers de gens, vieillards, enfants, mères de famille, etc.

A Bassorah, les enfants naissent défigurés sans jambes ou sans bras parce qu’à l’époque de la guerre, le pays « civilisé » avait mis en œuvre des armes très sophistiquées (légèrement radioactives, disent certaines sources) atteignant dangereusement le fœtus.

On essaie de le faire oublier.

Rares sont les informations à ce sujet.

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Et puis la France.

ZDF Info a consacré le 12 avril 2018 à la chimie meurtrière de la grande Nation une information très détaillée et fort dévastatrice dans le cadre d’une émission ayant pour titre : « CHEMIEWAFFEN – EUROPAS GESCHÄFT MIT DEM TOD ».

Sait-on que la France a été le grand fournisseur de l’Allemagne nazie et du camp de concentration d’Auschwitz en particulier en gaz exterminateur ?

Une petite bourgade de l’Île de France en avait fait sa spécialité : Villers-Saint-Sépulcre.

La fabrique où ce terrible poison, le Zyklon B, fut fabriqué est aujourd’hui vide.

En mai 1944, la France livrait à partir d’ici 37 tonnes aux nazis.

Quelqu’horrible et condamnable qu’ait pu avoir été l’attaque au gaz, on ne peut qu’avoir un haut-le-cœur en voyant les prédateurs occidentaux, qui ont tant à se faire pardonner, pleurer sur les petites lucarnes sur ce qui venait de se passer et qui allait les déterminer à intervenir manu militari pour rétablir la « civilisation ».

Quel monde infect, tous azimuts confondus.

Gaston VOGEL

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