DIES ATER (fermeture de la librairie Alinéa)

DIES ATER (fermeture de la librairie Alinéa)

15 mai 2017 Non Par Me Gaston Vogel

La fermeture de l’Alinéa est pour cette ville en état anémique un véritable malheur.

Ce sont très probablement le loyer exorbitant, sans mesure aucune ainsi que la patte prédatrice d’Amazon qui ont fini par étrangler cet homme admirable, dévoué, consciencieux, d’un professionnalisme exemplaire qui avait réussi à constituer au centre de la capitale un lieu d’intellectualité où tout curieux de livres se sentait à l’aise, comme dans sa propre bibliothèque et pouvait compter si besoin en était sur des explications et commentaires sensés de la part de l’exploitant.

Aucune autre librairie ne peut en dire autant – nulle part une telle intensité et une si chaleureuse atmosphère littéraire.

Voilà que c’en est fini de ce lieu de haute culture, véritable point d’acupuncture dans le désert d’une ville qui ne fonctionne plus qu’au rythme de la finance, des chantiers et des bus.

Si on sort des salles de théâtre et de concert où on peut certes vivre des moments de grande intensité, on est pris aussitôt par le vertige du vide.

Rien – sauf des grues, des bus, bus, bus, bus et l’ennui – et loin du centre, les grandes surfaces qui après avoir bouffé le coeur des villages, sont en train d’asphyxier celui des villes.

La politicaille qu’elle soit verte, rosâtre, grise ou noire s’en fout.

On va s’en souvenir sous peu.

p. Gaston VOGEL

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